VOUS ÊTES ALLÉ À L’URGENCE !!! QUEL CRIME.

L’ANNÉE DE MES 87 ANS

 Volet II        VOUS ÊTES ALLÉ À L’URGENCE !!! QUEL CRIME.1

1 Il n’est pas question pour moi, dans ce texte, de porter un jugement sur mes interlocuteurs. Je demande que le lecteur réserve également son jugement. Ces personnes ont certainement vécues ces événements différemment.

Conflit médico-idéologique, conflit existentiel.

Bien malgré moi, bien malgré moi comme le dit Félix Leclerc, je me suis retrouvé au cours de cette année 2017, année de mes 87 ans, au centre d’un conflit dont je me serais bien passé. Ce conflit m’a ébranlé jusqu’au tréfonds de moi-même. Il m’a mis en face de ma personnalité et m’a obligé à me demander. : « Est-ce que je laisse tomber ou si je maintiens ma position ? Est-ce que je me tais, endure la situation sans mot dire ou est-ce que j’affirme mes convictions et fais respecter mes droits ?» L’adage me dit : «Entre deux maux, il faut choisir le moindre.» En effet je suis dans le dilemme : «vais-je me taire et garder ma médecin de famille ou vais-je garder ma dignité et possiblement me retrouver sans médecin de famille.» Qu’est-ce qui est le plus important ? J’ai décidé de garder ma dignité. C’est ce qui est le plus important pour moi, pour le mieux vivre des jours qu’il me reste à passer sur cette terre.

Reproches à trois reprises

Alors voilà ce qui est arrivé. C’était au mois d’avril 2017, dès mon entrée dans le bureau de ma médecin de famille, cette dernière m’interloqua d’un ton réprobateur : «Vous êtes allé à l’urgence.» comme si j’avais commis une faute grave, une faut passible de prison, de plusieurs années de prison. Je demeurai bouche bé, éberlué. C’était la troisième fois qu’en l’espace de six mois, la maladie me contraignait à faire appel aux services hospitaliers d’urgence. Cette fois-ci c’était à cause de ma prothèse de la hanche gauche qui, à cause de la douleur, m’était apparue comme possiblement «débarquée», ou si vous préférez disloquée. J’eus beau répondre, pris de court, qu’il allait de soi que je me présente à l’urgence puisque c’était un samedi et que ma situation nécessitait une radiographie, service inexistant dans les cliniques médicales ; peine perdue. Courroucée, la tête penchée avec une expression faciale tendue que depuis les dix-neuf ans qu’elle est ma médecin de famille je ne lui avais jamais vu, voilà qu’elle me fait toute une remontrance culpabilatrice pour me dire que j’aurais du attendre au lundi pour m’adresser à la clinique et qu’elle m’aurait envoyé prendre une radiographie dans une clinique privée peut-être le surlendemain etc. Selon elle, en me présentant ainsi à l’urgence sans raison valable, j’engorgeais l’endroit, que ce n’était pas une véritable urgence, que quelqu’un avait attendu 17 heures pour être soignée etc. etc. Pourtant lorsque je me suis présenté à l’urgence, il n’y avait aucune attente et l’on m’avait pris en charge immédiatement en m’installant sur une civière. J’en suis demeuré sidéré, traumatisé pendant pas mal longtemps, trop longtemps.

La première fois que je fus ainsi blâmé c’était en décembre 2016 lorsqu’après m’être rendu à l’urgence pour ce qui s’avéra être un cancer, j’eus un rendez-vous avec ma médecin de famille et que sa réaction spontanée fut de paniquer par le fait que j’étais allé à l’urgence. «Vous êtes allé à l’urgence, je vais avoir Barrette sur le dos. Je vais avoir des problèmes avec Barrette.» Je dus lui expliquer que j’avais d’abord fait une démarche auprès du sans rendez-vous de la clinique pour me faire répondre : «Désolé, on ne peut vous recevoir.» Alors je suis allé à l’urgence étant donné qu’au 811, l’on m’avait dit d’aller voir un médecin la journée même. Puis j’ajoutai : «Lorsque je décide d’aller à l’urgence, vous n’êtes pas en cause, cela ne dépend pas de vous, vous n’êtes pas responsable.» Elle me répondit : «Oui, il nous rend responsable.»

Ma deuxième expérience fut occasionnée par l’apparition soudaine de plaques rouges sur ma poitrine avec au centre une espèce de pointe suppurante qui m’intriguaient. Après quelques jours, la prudence m’indiqua qu’il fallait consulter. Je m’adresser d’abord comme à l’habitude à Info-Santé, le 811. Très perspicace, l’infirmière me répondit « Avec ce que vous me dites, il se peut que ce soit un zona, allez tout de suite consulter un médecin.» C’était en mars et également en fin de semaine. À la clinique près de chez-moi, on me répondit : « Nous n’avons plus de place.» Alors je me suis présenté à l’urgence. Réaction du médecin traitant : «Vous êtes chanceux, votre zona est pris à temps.» J’avais donc à me féliciter d’être allé à l’urgence, le seul endroit disponible dans les circonstances et pourtant, à la première visite chez ma médecin de famille, celle-ci ne manqua pas de me blâmer de m’être présenté à l’urgence toujours avec cette épée de Damoclès du ministre au-dessus de la tête.

Les deux premières fois j’avais plutôt reçu ces remarques «avec un grain de sel», c’est-à-dire sans trop m’en faire même si j’avais trouvé son intervention pas très à propos. Cette troisième fois au mois d’avril, s’en était trop, le vase déborda. Et selon l’expression populaire, je ne l’ai pas pris.

Réflexion sur l’urgence

Dès la première confrontation, j’eus ces réflexions : «On ne peut que s’insurger devant une telle affirmation ; Les citoyens ne sont que des objets qui n’ont qu’à suivre les directives du corps médical.» C’est comme s’il n’y a jamais de circonstance, où un citoyen est justifié d’aller à l’urgence. En ce qui me concerne je ne suis pas d’accord, je prendrai toujours la décision de me présenter à l’urgence lorsque je sais qu’il faut une radiographie ou une prise de sang ou une analyse d’urine ce que ne peuvent assurer les cliniques.

La rumeur populaire veut qu’il y ait des gens qui abusent de l’urgence. Mais quelle est la proportion de ces personnes parmi celles qui se présentent ? Qui sont-elles ? Est-ce la jeune mère de famille qui panique avec son enfant malade ? Est-ce ce pauvre type complètement perdu qui a de la peine à s’identifier ? Est-ce ce monsieur qui par maladresse s’est tiré un clou dans le ventre ? Est-ce cette dame qui a perdu connaissance et qui est tombée face contre terre ? Je crois que l’on exagère considérablement l’abus que certains peuvent faire du service de l’urgence. Plutôt que de jeter le blâme sur la clientèle, l’on devrait questionner l’organisation du service. L’on devrait plutôt regarder vers l’organisation de ce rouage important de notre système de santé. C’est cette organisation qui plutôt laisse à désirer.

Un médecin aujourd’hui décédé m’a expliqué pourquoi les urgences étaient bondées. On pourrait me disait-il avoir un médecin qui s’occupe des cas légers qui peuvent être traités rapidement et un autre qui traite les cas lourds qui demandent plus de temps. On ferait en somme comme dans tous les supermarchés où il y a une caisse pour 6 articles ou moins ce qui permet de désengorger l’achalandage. Mais l’on refuse d’appliquer cette méthode qui a fait ses preuves. Aller savoir pourquoi. Il y a une raison très évidente qui m’avait été signalé par ce médecin. Cette explication, c’est le mode de rémunération des médecins. Les cas légers sont plus payants que les cas lourds.

Un autre élément dont la racine du mal est la même, c’est que l’on pourrait donner plus de pouvoir aux infirmiers et infirmières qui font le triage. Ainsi, elles ou ils pourraient décider d’un prélèvement d’urine ou encore de faire passer une radiographie.

Alors que l’on ne vienne pas me dire que c’est de ma faute, ni celle de n’importe quel autre patient si l’urgence déborde. Que l’on cesse de vouloir me culpabiliser à ce sujet.

Lettre à ma médecin de famille

Je pensai donc écrire une lettre à ma médecin de famille dont voici la première version.

22 juillet 2017

Docteur

J’avoue que je ne comprends pas que vous m’ayez reproché d’être allé à l’urgence pour ma prothèse de hanche. Cela m’a profondément perturbé. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours considéré qu’il y avait un fort consensus entre vous et moi sur la façon de prendre ma santé en charge. Je trouve ce reproche injustifié et continue à être convaincu d’avoir pris la bonne décision dans les circonstances. J’ai eu comme le sentiment que quelqu’un vous avait informée de cette visite à l’urgence de façon négative et possiblement sans vous en donner toutes les circonstances.

Ce reproche venant de vous m’affecte énormément. Je ne crois pas être une personne qui abuse de notre système de santé, même si dernièrement, j’ai du faire appel à des services plus souvent qu’à mon tour et cela bien malgré moi.

C’est pourquoi, je me permets de vous décrire les circonstances dans lesquelles je me trouvais lorsque j’ai fait appel aux services de l’urgence de l’hôpital. C’était dans la nuit du vendredi au samedi, une douleur à la jambe m’a réveillé. J’étais convaincu que la prothèse s’était disloquée comme cela est arrivé à plus d’une reprise dans le passé. Je me suis même demandé si je ne devais pas faire appel à une ambulance, mais je conclu qu’il m’était possible de me rendre à l’urgence avec l’aide d’un ami.

Pour moi, il n’y avait qu’une solution, c’était de me présenter à l’urgence. Je savais qu’on prendrait une radiographie. Ma crainte c’était, comme cela était arrivé dans le passé, que l’on me renvoi sans plus à la maison. J’étais donc déterminé à insister pour que l’on me réfère à un spécialiste. C’est ce qui est arrivé, le médecin de garde me dit que dès le lundi la requête serait acheminée à la clinique d’orthopédie. Pour moi, il était important de ne pas perdre une journée, puisque par prudence, je me déplaçais en fauteuil roulant ce qui compliquait passablement mon quotidien et à ce moment, la douleur était constante et grugeait mon énergie. J’ai tout de même 87 ans et suis à mobilité réduite.

C’est donc en fauteuil roulant que je me suis présenté à l’urgence et en aucun moment, je n’ai eu le sentiment que, de la part du personnel, on trouvait que mon cas n’était pas un cas d’urgence. Au contraire, ils m’ont immédiatement pris en charge et m’ont transféré sur une civière sans que j’aie eu à retourner dans la salle d’attente. Le personnel s’est chargé lui-même de remettre mes cartes au secrétariat etc.

Donc, c’étais un samedi, me présenter dans une clinique étais impensable. Devant me déplacer en fauteuil roulant, je ne vois pas pourquoi j’aurais dû aller faire le pied de grue pendant une heure pour tenter d’avoir un rendez-vous à la Cité de la Santé les jours suivants. Pour me déplacer dans de telles circonstances, il me faut faire appel à mon entourage, ce que par respect pour eux, il me faut utiliser qu’en cas de nécessité. Par exemple, récemment, il y a eu de la mortalité dans ma famille et à deux occasions, j’ai décidé de ne pas allé aux funérailles pour ne pas solliciter des amis sans nécessité. Cette situation, n’est peut-être pas importante pour certains responsables du système de santé, elle l’est pour moi, car pour ce faire, je ne peux compter sur les services publics.

Si une situation similaire se présente, je vais utiliser le même processus décisionnel à savoir l’identification de l’objectif qui est ma guérison et les meilleurs moyens pour y arriver. Je n’ai pas à porter le poids de l’organisation des services de santé. Je n’en n’ai pas la responsabilité.

Je crois qu’au fond, vous avez la même opinion que moi et ceux qui se cachent derrière vous pour vous faire porter le poids de leur incompétence devraient avoir le courage de se montrer au grand jour. Sils désapprouvent mes décisions qu’ils viennent me voir. On va se parler.

Plusieurs indices m’indiquent que vous ne voulez plus être mon médecin de famille. Dans ce cas, je vous demanderais de me le signifier clairement de sorte qu’il me soit possible d’entreprendre des démarches afin de bénéficier des services d’un autre médecin de famille.

Je profite de l’occasion pour vous remercier de vos soins compétents et généreux dont j’ai bénéficié durant les dix-neuf dernières années au cours desquelles, je dus à plusieurs occasions faire face à des situations hautement difficiles à surmonter. Louis Trudeau

Puis je réfléchis pendant quelques jours et me révisai ; ma lettre changea de ton. Voici la version définitive.

27 juillet 2017

Bonjour Docteur

Vous êtes mon médecin de famille depuis fort longtemps. Au cours des années, j’ai développé à votre égard un sentiment de respect et de considération profondément ancré en moi. J’ai toujours apprécié vos soins que je considère très compétents et dévoués.

C’est donc avec tristesse que je me vois dans l’obligation de clarifier la situation en ce qui concerne mon utilisation des services de santé pour laquelle nous sommes en profond désaccord. Depuis quelques mois, j’ai eu à me rendre à l’urgence de l’hôpital de Joliette et à chaque occasion, vous m’avez blâmé d’avoir utilisé ce service public pour lequel je participe amplement au financement par mes impôts, mais dont je n’ai aucune responsabilité dans la mise en œuvre de son organisation.

Je sais, parce que mon député me l’a confirmé, que le système fait des pressions sur vous pour que vous reprochiez à vos patients ce que vous considérez être une utilisation abusive des services de l’urgence. En ce qui me concerne, je ne vous reconnais pas cette responsabilité à mon égard. Lorsque j’ai un rendez-vous avec vous, c’est pour me donner des soins de santé et non pour juger de mon utilisation des services de santé. Ce n’est pas en tant que gestionnaire des services de santé que je fais appel à vos services, mais en tant que professionnel de la santé.

Je refuse donc de me faire culpabiliser pour l’utilisation d’un service auquel la loi me permet de m’adresser. Bien plus, cette pression indue à mon égard, dans mon système de valeurs, va à l’encontre de mes convictions. La loi m’autorise à m’adresser à l’urgence lorsque je considère que c’est le service le plus adéquat pour répondre à mon problème de santé. Donc le ministère et le ministre en tête n’ont pas le droit de m’empêcher de faire appel à ce service. En faisant des pressions sur vous pour que vous participiez à l’évaluation de mon utilisation des services de santé, le ministère et le ministre en tête fait d’une façon indirecte ce que la loi ne lui permet pas de faire directement, ce qui est, dans mon système de valeur, absolument illégal et je me refuse de collaborer à cette forme d’entrave à la justice. Si la gestion des services d’urgence est déficiente, ce n’est ni au médecin, ni au patient de régler la situation, c’est à ceux qui ont la responsabilité de la gestion des services de santé et qui sont payés pour le faire.

En conséquence, malheureusement, pour des raisons qui ne concernent pas les soins que vous m’avez toujours prodigués d’une façon exceptionnelle, mais, plutôt, parce que j’ai la ferme intention de continuer à faire appel au même processus décisionnel dans mon utilisation des services de santé, je me vois dans l’obligation de m’informer auprès de vous si vous vous voulez demeurer mon médecin de famille ou si vous décidez qu’il serait préférable d’entreprendre une démarche pour tenter d’avoir les services d’un autre omnipraticien. Je me refuse de rencontrer mon médecin dans un climat d’affrontement. Louis Trudeau 1929-11-05

En attente de la réponse

22 août 2017

Josée est allée porter ma lettre à la clinique vendredi le 11 août donc il y a plus d’une semaine. Je n’ai toujours pas de nouvelles. Que dois-je penser ? J’en ai parlé hier avec Jean-Pierre. Il me dit que je l’ai mis profondément dans l’embarras. Il se peut fort bien qu’elle ne réponde pas espérant que cette histoire tombe dans l’oubli. Alors que vais-je faire ? Demander un rendez-vous ? Lui écrire, la remettre devant son choix ? Il est trop tôt pour décider. Il vaut mieux attendre encore un peu afin de confirmer qu’elle ne répondra pas. En attendant je demeure avec cette incertitude qui est nocive pour moi. Pour le moment, j’opterais pour une lettre dans laquelle je lui dirais que j’interprète son silence comme signifiant qu’elle veut demeurer ma médecin de famille et de m’aviser si tel n’est pas le cas. Ainsi si elle continue à ne pas répondre c’est qu’elle veut continuer à être mon médecin de famille et moi je pourrai lui affirmer que mes visites à l’urgence, ça ne la concerne pas. De plus, je serai bien à l’aise de raconter cette histoire à mes proches.

Deuxième lettre

Le 28 août 2017

Bonjour Docteur

Le 11 août dernier, une lettre, de ma part vous a été acheminée à votre clinique médicale […] dans laquelle je vous demandais si vous voulez demeurer mon médecin de famille ou non. Comme à ce jour je n’ai pas reçu de réponse, j’en déduis que vous êtes toujours mon médecin de famille. Si cette conclusion s’avérait ne pas être la bonne, il serait important pour moi d’en être avisé le plus rapidement possible.

Veuillez agréer, madame, l’expression de mes meilleurs sentiments.

Louis Trudeau, 1929-11-05

28 août 2017

Josée est allée porter cette deuxième lettre.

1er septembre 2017

Je reçois un téléphone d’une membre de la clinique qui ne s’est pas identifiée au nom de ma médecin de famille pour me dire que cette dernière va discuter de cela lors de mon prochain rendez-vous. Puis elle a ajouté sur un ton émotif que je pouvais décider de ne plus être son patient. J’ai répondu que j’avais entendu son message.

 Tiraillement

2 septembre 2017

Depuis je demeure perplexe. Pourquoi ma médecin de famille s’est-elle servie d’une intermédiaire pour me passer son message ? Pour épargner de son temps précieux ? Cela serait un prétexte, car en s’obligeant à expliquer la situation à une tierce personne, elle n’a certainement pas gagné de temps en comparaison de ce qu’elle aurait pu me transmettre directement son message au téléphone. La raison est ailleurs. Il y a plus d’une interprétation possible.

Je crains qu’il y ait encore affrontement lors de ma prochaine visite. Le message que je veux continuer à transmettre, c’est que pendant 18 ans, elle ne s’est jamais donné de mandat à l’égard de mon utilisation des services hospitaliers et voilà que maintenant elle se donne unilatéralement un mandat à cet égard, mandat que je ne lui reconnais pas. Alors ce n’est pas compris dans le contrat implicite qu’il y a entre elle et moi. Je tiens au contrat tel qu’il a toujours été auparavant et si cela ne lui convient pas et que ça l’embête, je ne puis l’obliger à me garder comme patient. Ce qui est difficile à accepter, c’est que c’est nullement ce pourquoi je fais appel à ses services qui est en cause à savoir ma santé.

3 septembre 2017

Je ne cesse d’y penser. Je devrais passer à autre chose. Je crois que je crains d’oublier mes arguments. Alors je vais en faire la liste au moment de la rencontrer. Je me suis demander si je ne devais pas faire une plainte à l’hôpital, pas contre elle, mais contre l’hôpital, le Centre régional et le ministre. Pour le moment, je renonce à cette idée. Il faut choisir ses combats et celui-là ne m’intéresse pas vraiment.

Je me vois la rencontrer et refuser de discuter de ce sujet dans son bureau de médecin étant donné qu’il s’agit d’autre chose que de ce pourquoi je vais la voir : ma santé.

Il n’est nullement question que de mon côté, je change de médecin de famille parce qu’il n’y a aucune raison de le faire au contraire je suis très, très satisfait de mon médecin de famille. «Le problème c’est que depuis quelque temps, on vous a investit unilatéralement d’un mandat de gestionnaire au sujet de mon utilisation des services hospitaliers, mandat que je ne vous reconnais pas et que je trouve même illégal.»

Ça continue

4 sept.2017

Suis toujours obsédé par cette histoire. Par ailleurs, il m’arrive parfois d’ironiser. C’est ainsi que je me suis rappelé l’allégorie de Chou en Lai. Ce dernier très brillant1 était dans les faits le bras droit de Mao Tsé Toung. Un jour il eut cette expression : «Peu importe que le chat soit gris ou qu’il soit noir, pourvu qu’il attrape la souris.» ce qui allait à l’encontre de l’idéologie de Mao. Chou en Lai fut rétrogradé à un poste de travailleur manuel agricole. Puis, par la suite, comme il manquait terriblement à la direction du parti, il fut réintroduit dans ses fonctions. Alors je me dis : «Peu importe dans quelle clinique le patient se présente, pourvu qu’il reçoit les soins d’un médecin.»

Puis cette autre réflexion : «Je ne suis pas intéressé à me faire vilipender par mon médecin, c’est-à-dire traiter avec mépris.

Enfin, devrais-je lui écrire à nouveau pour lui exprimer ce que j’ai compris du téléphone de la personne anonyme ? À savoir 1) qu’elle veut me garder comme patient 2) qu’il n’est pas question pour moi de remettre en question le fait qu’elle soit mon médecin de famille. Il n’y a aucune raison pour cela. J’ai toujours apprécié les conseils qu’elle me donne, de les mettre en pratique et de prendre consciencieusement les médicaments qu’elle me prescrit. C’est pourquoi, lorsque je me présente à son bureau de médecin, je veux concentrer toute mon attention sur ses précieux conseils médicaux et sur rien d’autre.

1«En bref, Chou en-lai a été l’un des deux ou trois hommes les plus impressionnants que j’aie jamais rencontrés. Courtois, infiniment patient, extraordinairement intelligent et subtil, il évoluait dans nos discussions avec une aisance raffinée qui allait jusqu’à l’essence même de nos relations, comme s’il n’y avait pas d’autre parti raisonnable à prendre.» Henry Kissinger, secrétaire d’État des USA(1973-1977).

Troisième lettre

Le 8 septembre 2017

Bonjour Docteur

Si je me permets de vous écrire à nouveau, c’est que je veux être certain d’avoir bien compris le message qui m’a été transmis de votre part, vendredi le premier septembre dernier par une personne de votre clinique médicale.

En premier lieu, j’ai compris que vous acceptez de me garder come l’un de vos patients puisque vous voulez traiter de ma lettre lors de ma prochaine visite à votre bureau médical.

En second lieu, il n’y a aucune velléité de ma part de remettre en question que vous soyez mon médecin de famille. Les judicieux conseils que vous me prodiguez sont suivis à la lettre et je tente d’observer quotidiennement les prescriptions reçus même si je suis une personne qui est souvent distraite et a de la difficulté à suivre constamment des routines. C’est pourquoi lorsque je me présente à votre bureau de médecin je veux concentrer toute mon attention sur vos précieux conseils médicaux et sur rien d’autre c’est-à-dire que je ne veux pas me laisser distraire ni être perturbé par quelque chose d’autre.

Louis Trudeau 1929-11-05

 Toujours présent à mon esprit

8 septembre 2017

Réflexion : «Vous êtes mon médecin de famille depuis 19 ans, pendant 18 ans, vous n’avez en aucun cas remis en question mon utilisation des services d’urgence de l’hôpital. Pendant toutes ces années est-ce que vous avez manqué à votre devoir ? Le docteur Bacon, qui était le médecin de Ghislaine, a-t-il manqué à son devoir durant toute sa vie professionnelle, lui qui était d’un dévouement sans borne et qui est décédé prématurément d’un infarctus. La réponse c’est NON.»

13 septembre 2017

«Vous n’êtes pas responsable du comportement de vos patients. Si l’un de vos patients se drogue, en êtes-vous responsable ? Non. C’est la même chose pour l’utilisation des services hospitaliers.»

20 septembre 17

Le hasard fait bien les choses. Dans le journal régional, une pleine page du Centre Intégré de santé et des services sociaux de Lanaudière décrie les droits des usagers au nom du service des plaintes. Parmi ceux-ci : «vous avez le droit de choisir l’établissement pour les services [… ]» Bon il ne devrait y avoir rien à ajouter.

27 sept. 17

«On n’a pas le droit de vous rendre responsable de l’utilisation de l’urgence de la part de l’un de vos patients. C’est illégal, tout citoyen a le pouvoir de choisir son institution. S’y opposer est un geste illégal. Aller devant le tribunal des droits de la personne donnerait sans aucun doute raison au citoyen.»

28 sept. 17

Depuis pas mal de temps, j’ai viraillé ces questions de tout bord, de tous côtés, les ai ressassé avec mes amis et toujours elles continuent à habiter sinon à me hanter.

Conclusion

Ce conflit a continué à m’habiter même au-delà de ma quatre-vingt-septième année. Espérons qu’un jour le tout va s’estomper, probablement lorsque j’aurai eu un rendez-vous avec ma médecin de famille.

Dans ce conflit interpersonnel comme dans toute relation humaine, un mot-clef doit être au centre des préoccupations, c’est le mot RESPECT. Savoir se respecter et respecter les autres, c’est la base de toutes les relations entre les humains. C’est le respect de la dignité humaine. Alors faisons l’exercice.

 

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