Le dire, c’est bien ; l’écrire, c’est mieux
Proverbe québécois
Il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil selon l’expression des romains du temps d’Astérix. Pourtant face aux nombreux cas récemment soulignés de harcèlement de toutes sortes, l’on entend cette réflexion que : « il y a des choses qui auparavant étaient acceptables et que, maintenant, ne le sont plus». Je crois qu’il y a là une sorte de déculpabilisation qui ressemble à une forme de pensée magique.
Humilié les autres, les mépriser, les traités d’imbécile etc. n’a jamais été acceptable et encore plus lorsqu’il est question de sexualité. Ce n’est pas d’hier que l’on utilise son statut d’autorité pour s’en prendre aux plus faibles et se bomber le torse de son pouvoir auprès des admirateurs et flatteurs. Je m’en rapporte à la fable de Jean de Lafontaine : Les Animaux malades de la peste. Le lion tout puissant, entouré de ses flatteurs, trouve un coupable, c’est le pauvre âne. Alors : «Haro sur le baudet».
Il s’agit bien souvent d’un vil mépris à l’égard du plus faible, mais il s’agit souvent de l’expression d’un conflit intérieur non maîtrisé. C’est du défoulement sur le plus faible. Parfois même, pour ce faire, on utilise les bêtes, les animaux. Je me rappelle avoir ainsi vu un voisin agriculteur s’en prendre à ses vaches qu’il frappait à coups de pied. Évidemment tout cela accompagné de jurons, de sacres comme l’on disait, car tous les objets de la sacristie y passaient.1
Que ce soit par mépris du faible ou que ce soit par besoin de se défouler, prendre les autres comme victimes pour régler ses problèmes personnelles est inacceptable. Il faut trouver une autre solution. La solution ce sont comme dit Vigneault : «Les mots pour le dire.» En effet, l’une et l’autre réaction démontre une incapacité à verbaliser la situation. Bon il est vrai que ce n’est pas toujours facile. Comment s’y prendre alors ? D’abord arrêtez-vous, prenez une grande respiration, calmez-vous et réfléchissez. En d’autres mots faites de la méditation. Essayer de comprendre ce qui vous arrive. Pourquoi un tel vous tombe sur les nerfs ? Pourquoi vous perdez patience par exemple avec vos élèves. ? Se peut-il qu’avec le temps, vous ayez perdu de vue le bel idéal qui vous animait au début ? Que vous ne vous rappeliez plus les objectifs que vous vous étiez fixés ? Oui dans les moments difficiles, il faut se recentrer sur ses objectifs ce qui désamorce la frustration de l’égo, diminue la charge émotive et aide aux relations avec les autres. Je vous laisse à vos propres réflexions sur le sujet.
Enfin, je constate que dans les nombreux commentaires que j’ai entendus récemment sur ces graves dénonciations de harcèlement et d’abus, jamais l’on a prononcé le mot qui, pour moi, est le mot-clé de ces situations. Ce mot-clé est RESPECT. Respect de soi et respect des autres. Il faut bien admettre que dans notre monde actuel, le respect n’est pas une valeur bien en vue. Pourtant, il fut un temps où le respect était pour ainsi dire le socle, le lieu commun des relations entre les humains. Parmi les documents familiaux que l’on m’a remis récemment, il y a des «devoirs» d’élèves du primaire datant de la fin du dix-neuvième siècle qui servaient aux enfants à apprendre à écrire des lettres à leurs parents. Il faut voir comment ces lettres étaient empreintes d’un respect inconditionnel. C’est pourquoi, à l’âge vénérable qui est maintenant le mien, je me permets de vous faire parvenir cette réflexion amicale.
1 Un jour, un quidam s’adressa à un prêtre pour lui demander : «Comment appelez-vous ce linge que vous utilisez pour essuyer vos mains durant la messe ?» Car ajouta-t-il : «cela aussi je veux le dire pour sacrer».
Louis Trudeau 1929-11-05 le 11 novembre 2017