Jardin ou Potager?

Par habitude, j’appelle mon potager, mon jardin; c’est l’appellation depuis des temps immémoriaux dans ma famille pour un potager. Peu importe, il fait partie de mon ADN et je ne saurais m’en passer. Il est à la base de mon alimentation quotidienne douze mois par année croyez-moi ou non. Durant l’hiver, la cave froide et les congélateurs permettent une conservation suffisante. Dès le printemps, il y a la récolte de certains légumes qui peuvent passer l’hiver sous la neige. C’est le cas des panais et des carottes. Puis se présente la récolte hâtive de la salade, des radis, de la rhubarbe à la mi-juin et des tomates-cerises à la fin juin.

Mon jardin, c’est à cette époque de l’année, mon activité principale ce qui met en veilleuse mes activités intellectuelles comme l’écriture. À l’automne, un agriculteur est venu étendre un plein chariot d’engrais naturel généré par son bétail. Après qu’un voisin ait passé le motoculteur pour bien ameublir la terre, Jean-Pierre me donne un coup de main pour installer les bâtons indiquant les rangs.

On me demande souvent : Ton jardin, il est combien grand ? Ma réponse en système métrique, c’est 30×15, mais moi qui ai vécu surtout en pieds, je réponds invariablement 100 pieds par 50 avec un léger mensonge puisque dans les faits, il n’a que 98 pieds de long.

«Combien de plants de tomates plantes-tu ?» Réponse : « 36, c’est toujours 36.» «Que fais-tu avec toutes ces tomates ?» «J’en congèle et j’en donne.» Oui il est possible de congeler les tomates telles quelles sans aucune altération et de les utiliser tout au cours de l’année pour différents plats. Il faut dire que j’ai de l’aide d’amis pour la plantation des tomates et l’installation des tuteurs. Grâce à Louisette et Jean-Claude ce travail se réalise parfaitement alors que l’on m’ordonne de m’assoir et de jouer le rôle d’observateur.

«Ces plants que je ne connais pas, qu’est-ce que c’est ?» « Ce sont des bleuets de jardin». C’est la particularité de «la maison». Vous ne trouverez pas des graines de ce légume particulier chez les fournisseurs habituels de semences de jardin. Probablement que vous en trouverez chez W.H.Perron là où je m’étais procuré les premières graines en 1974. À chaque année, je mets de côté les graines des plus gros fruits pour faire des semis l’année suivante. Non ce ne sont pas des myrtilles. C’est plutôt un petit fruit dans la famille des tomates. Il est très foncé presque noirâtre. Une nutritionniste m’a affirmé qu’à cause de sa couleur, il est certainement antioxydant. Mais, faites attention, ce petit fruit attirant ne se mange pas cru. Il est très amer et aigre. Il faut le faire cuire et en faire une compote avec 50% de pomme. Lorsque j’étais petit, les tartes aux bleuets de jardin de ma mère étaient le régal de toute la famille.

Tu as 88 ans, tu as de la difficulté à te pencher à cause des tes fameuses prothèses de hanche, comment fais-tu pour semer tout cela et désherber ? Voilà mon secret. J’ai développé une technique qui me permet de semer et planter sans me mettre à genou. Les personnes dans ma condition se munissent d’une pince qui permet de ramasser un objet tombé par terre, ce qui est grandement commode en plus d’une occasion.

Eh bien, cet appareil me sert à planter ce qui autrement exigerait de se mettre à genoux pour y réussir. C’est le cas des petits oignons, des pommes de terre, des poireaux et également des bulbes de glaïeuls qui font partie de mon ensemencement. Il me sert également à éclaircir certaines plantes comme les carottes, les radis et les navets.

Pour le désherbage, il suffit de mettre en pratique l’adage qui dit : Mieux vaut prévenir que guérir. Il est préférable de ne pas attendre que la mauvaise herbe envahisse avant de passer la gratte et d’aérer le sol le long des rangées des légumes qui viennent d’apparaitre.

C’est ainsi qu’année après année, mon jardin potager demeure un élément signifiant de mes activités et de ma santé.

Louis Trudeau                                                                                                    10 juin 2018