En ce mois d’avril 2019, nous sommes en plein débat sur la laïcité, alors pourquoi ne pas en profiter pour y réfléchir et se faire une idée personnelle sur ce que signifie ce concept dans notre société québécoise, car c’est bien de la laïcité tel que vécue au Québec qu’il s’agit puisque c’est à notre Assemblée Nationale que le projet de loi est présenté.
De quoi s’agit-il ?
La laïcité de l’état, c’est d’abord l’affirmation de la séparation de l’Église et de l’État, tel qu’exprimé autrefois alors que la religion commune était le catholicisme. Aujourd’hui, nous parlons plutôt de la neutralité de l’état envers toutes les religions quelle qu’elles soient ainsi qu’envers celles et ceux qui ne confessent aucune religion. Cela signifie donc que c’est l’état qui, par ses lois, dicte les règles de conduite à ses citoyens pour la qualité du vivre ensemble. Donc un état laïc est par le fait même un état de droit.
Historique.
Les québécois ont vécu dans un contexte social où la religion était omniprésente dans les institutions que ce soit dans l’enseignement par des commissions solaires confessionnelles ou dans les instances gouvernementales dans lesquelles, le clergé s’invitait au nom de principes moraux et autres. Les autorités religieuses intervenaient sans hésitation dans les mœurs quotidiennes que soit en ce qui concerne la sexualité, la consommation d’alcool et même dans les loisirs. Je me rappelle de «l’œuvre des terrains de jeu». De plus, elles contrôlaient le système d’éducation et les services sociaux et de santé.
Une laïcité progressive.

La Révolution Tranquille des années soixante du siècle dernier a sonné l’heure d’une première distanciation de l’état vis-à-vis la religion. Très habilement, sans faire d’esclandre, on a remplacé le département de l’instruction publique par le ministère de l’éducation et les hôpitaux se laïcisèrent également avec l’implantation de l’assurance santé. Une autre épate fut franchie lorsque les commissions scolaires confessionnelles firent place aux commissions scolaires linguistiques. Cette autre étape se fit aussi sans trop de remous. Les religieuses acceptèrent de modifier leur costume pour des vêtements «laïcs» et le clergé rangea sa soutane dans le placard. Durant ce temps-là, grâce à l’immigration, la mosaïque religieuse s’enrichit de nouvelles confessions de sorte que maintenant nous parlons plutôt «des religions» que «de la religion». Soulignons également que le développement de la laïcité est un avancé démocratique dans notre société québécoise tout comme notre loi sur le financement des partis politiques.
La laïcité en 2019.
La laïcité de l’état est donc devenu une réalité qu’il n’est plus possible de remettre en question pour l’ensemble du peuple québécois. Les québécois en général, ne veulent plus vivre sous l’emprise des religions. Leurs croyances religieuses ou autres est une affaire personnelle qui ne concerne qu’eux-mêmes. Dans ce contexte, il y a une douzaine d’années a fait rage une controverse sur ce qui était acceptable ou pas socialement de certaines pratiques religieuses, d’où le concept de laïcité de l’état a pris une connotation sans précédent.
Nous sommes une petite société de langue française avec des racines européennes presque noyée dans une mer anglophone avec des racines plutôt britanniques qui se sont développées chez nos voisins du sud beaucoup plus nombreux que nous. Dans ce contexte, il ne faut pas nous en vouloir d’être quelque peu sur nos gardes et de sentir le besoin d’affirmer certaines de nos valeurs. La laïcité, tout comme l’égalité homme-femme, en est une que nous chérissons particulièrement.
Des concepts.
La laïcité, comme la religion d’ailleurs, est un concept de l’esprit. Tout comme moi, vous n’avez certainement pas rencontré ni la laïcité, ni la religion dans la rue. L’une et l’autre se manifeste par des individus. Dire qu’on est pour la laïcité, mais contre la laïcité chez les personnes, relève d’un esprit tordu. Dire que l’on est pour une laïcité ouverte est également manipulateur. La laïcité n’est ni ouverte, ni fermée, elle s’exprime dans certaines occasions, mais se fait discrète dans d’autres. Elle peut donc être soit progressive ou régressive. Ce n’est pas une réalité statique ; c’est une réalité vivante qui évolue avec le temps.
Laïcité, droits individuels et pratique religieuse.
Le socle d’une société, ce n’est pas exclusivement les droits individuels, c’est l’équilibre entre le bien commun et les droits individuels. C’est cet équilibre que doit rechercher le législateur en tenant compte des circonstances. Cette loi, sur la laïcité, comme toutes les lois restreint les droits et libertés personnels d’un certain nombre d’individus en faveur du bien commun. Elle ne brime en rien les choix de vie personnel en ce qui concerne la pratique religieuse. Le port de signes religieux n’est pas une pratique religieuse.
Pratiquer sa religion, au sens véritable du terme, c’est conformer sa vie aux préceptes établies par sa religion. Ainsi la religion chrétienne nous dit : «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.» Agir ainsi, ça c’est pratiquer sa religion. Porter un crucifix nous le rappelle, mais nous ne sommes pas obligés de le porter pour pratiquer notre religion. Si je le porte pour me rappeler ce précepte, c’est bien; mais si je le porte comme une espèce de porte bonheur, alors c’est du fétichisme et je comprends mal le sens de ce précepte.
Laïcité en marche.
Jusqu’à maintenant, le Québec, s’est plutôt bien comporté dans l’affirmation progressive de sa laïcité. Nous avons signalé, l’implantation du ministère de l’éducation et des commissions scolaires linguistiques. Avec plusieurs années de réflexion sur le sujet, il est temps, selon le gouvernement actuel, de faire un pas de plus en exigeant de certains de ses employés d’être le reflet de cette laïcité. Ces derniers, devraient se faire un honneur et une fierté d’être ainsi le symbole du type de société que nous voulons nous donner. Ce projet de loi est positionné dans une perspective de développement, il n’invite pas à une laïcité mur à mur. D’autres éléments demeurent «non inclus» tel par exemple les élus de l’Assemblée Nationale. On pourrait à ce sujet se demander pourquoi l’on veut que ceux qui font appliquer les lois le fassent en affirmant la neutralité religieuse de l’état alors que ceux qui font les lois ne sont pas soumis aux mêmes règles.
Conclusion
On peut être d’accord ou pas avec ce projet de loi, mais faites nous grâce d’arguments émotifs gonflés indûment d’appréhensions disproportionnées à la réalité. Ainsi, par exemple, lorsque les élus montréalais donne comme argument :
«Attendu que : Personne ne devrait vivre dans la peur ou l’incertitude au sujet de son emploi ou de sa place dans la société montréalaise parce qu’elle ou il choisit de pratiquer sa religion.» Ces élus font alors preuve de ce gonflement émotif qui dépasse la réalité. Le projet de loi 21 ne fera vivre personne ni dans la peur, ni dans l’incertitude ; au contraire, il donnera à ses employés une fierté nouvelle, une plus forte identification à la société québécoise et à ses valeurs.
Les tenants de la religion en tant que moteur de la société et directeur de tous les aspects de la vie des personnes combattent la laïcité, ça va de soi. Ils prônent une théocratie, c’est leur choix. On peut aussi considérer la laïcité comme un mal nécessaire et s’y résigner de reculons, à son corps défendant ; on peut également considérer la laïcité comme une valeur collective en développement et en être un fier symbole. Chacun fait son choix.
Louis Trudeau 18 avril 2019
La laïcité, principe constitutionnel français né de la loi du 9 décembre 1905, hérité de la Révolution, est la séparation de l’Eglise et de État. Victor Hugo disait à l’Assemblée nationale dans un discours : « l’Etat chez lui, la religion chez elle ».
La laïcité, c’est surtout la liberté de croire ou de ne pas croire, de respecter l’autre en tant qu’être humain sans avoir à le définir par sa couleur, sa religion, ses différentes orientations… La laïcité n’est pas une religion mais un principe juridique qui permet à chacun de croire (ou pas) dans la sphère privée et à pratiquer son culte en toute liberté.
Et surtout, plus d’ingérence un pouvoir intemporel et divin dans les affaires temporelles.
On pourrait en débattre pendant des heures. Le sujet est passionnant.
Excellente journée au Québec.
John de Lyon en France
J’aimeJ’aime
Monsieur Trudeau, vous devriez l’envoyer aux médias: Le Devoir, L’Autre journal, etc.
J’aimeJ’aime
Bonjour Odette
Je n’ai pas d’objection, mais je ne sais trop comment m’y prendre. Il me faudrait un coup de main. Bonjour Louis T. ________________________________
J’aimeJ’aime
cabinet@midi.gouv.qc.ca C’est l’adresse de Simon Jolin-Barrette, ministre respopnsable à la CAQ. Je pense qu’il serait heureux de savoir que quelqu’un de ton âge a une vision si pleine d’expérience et de vécu. C’est encourageant pour eux. On ne peut pas toujours être d’accord avec nos autres cousins lointains qu’ils soient « Trudeau » ou pas!
J’aimeJ’aime
Bonjour Paul Émile
Merci pour ton commentaire. Je crois que nous avons toujours à profiter de réfléchir sur un brulant sujet d’actualité comme celui-là et comme tu le dis si bien, il n’est pas possible de partager la même opinion avec tous. Pour ce qui est du ministre, je te laisse le soin de lui faire parvenir mon texte si tu le désires. Bonne journée Louis ________________________________
J’aimeJ’aime
Merci Louis de nous partager ta sagesse.
J’aimeJ’aime