DROITS INDIVIDUELS ; BIEN COMMUN

Les événements récents que nous avons collectivement vécus au Québec peuvent particulièrement alimenter notre réflexion. Ainsi on peut se demander : «Qu’est-ce qu’il y a en commun entre les inondations de ce printemps et la triste histoire de cette enfant martyre ?» Pas grand-chose à première vue. Pourtant oui, nous pouvons y déceler des points de rapprochement. C’est que ces deux pénibles événements ont été vécus collectivement par les québécois. Ainsi, n’a-t-on pas été témoins d’une rare unanimité à l’assemblée nationale tant pour les victimes des inondations que pour l’indignation suscité par le sort de cette enfant de sept ans. Dans les deux cas, les québécois ont manifesté leur générosité.

Durant ce temps, le débat sur la laïcité a pris une pause, mais il demeure tout aussi d’actualité. Il met en perspective les droits individuels versus le bien commun. Il nous confronte sur le difficile équilibre entre les deux. Certains ne jurent que par la charte des droits et libertés et semblent en faire un credo sans nuance ni compromis. Pourtant, à l’intérieur même de cette charte, il est prévu des circonstances où le bien commun prime sur les droits individuels. On n’a qu’à penser aux mesures de guerre utilisées par le gouvernement fédéral dans les années soixante. Par ailleurs, nous savons qu’en certains pays le communautarisme a fait des ravages.

L’équilibre entre les droits individuels et le bien commun, quoiqu’on en dise n’est pas vécu de la même façon dans toutes les sociétés, ce qui ne signifie pas pour autant que l’équilibre est rompu. L’incompréhension chez certains de l’importance de la laïcité pour la société québécoise est parfois analyser à partir d’une lorgnette différente de celle de l’ensemble de notre société. Ainsi parfois, l’on y voit du racisme, alors que la laïcité s’oppose à la théocratie, il est vrai, mais cela n’a rien à voir avec une suprématie raciale quelconque. L’on semble ainsi faire un amalgame entre race et religion, alors que c’est justement l’inverse que vise le projet de loi sur la laïcité qui donne son espace propre à chacune de ces réalités. Il ne faut pas s’en cacher, la laïcité et la théocratie1, c’est comme le feu et l’eau.

Parfois, l’on affirme que l’inclusivité, ce qui ressemble à la laïcité dite ouverte, consiste à laisser chacun affirmer ses convictions religieuses en toute occasion. Alors que pour d’autres le vivre ensemble demande qu’en certaines circonstances, on se doit d’être discret sur le sujet. Chez les québécois n’en non nous pas un fait l’un des trois sujets tabous de discussions en société, les autres étant le sexe et la politique. Ainsi les derniers événements ont démontré que le vivre ensemble, ou si l’on veut, la collectivité prend un sens, une valeur particulière chez les québécois, ce qui a amené notre premier ministre à parler de «tricoté serré». Nous pouvons dire aussi que nous savons nous «serrer les coudes.» C’est pourquoi, il m’apparait que des circonstances particulières comme les inondations et la maltraitance à l’égard d‘une fillette en font foi.

Alors que la loi sur la laïcité ne vous convienne pas, ou encore que vous la trouviez insuffisante, ce serait pour tous et chacun d’entre nous une excellente occasion de tenter de mieux cerner ce qu’est l’âme québécoise et de comprendre le vécu de notre peuple lorsque le malheur frappe une partie de sa communauté.

1 Le gouvernement actuel de l’Iran est identifié comme étant une théocratie. Il en est de même de l’Égypte du temps des pharaons.

Louis Trudeau                                                                                                   5 mai 2019

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