À quoi servent les vieux ? Quel sens puis-je donner à mon vieil âge ? Qu’est-ce que je peux apporter à ceux qui m’entourent ? Je crois que je peux offrir à mon entourage un éclairage particulier ; un peu comme un phare dans la nuit. Il aide à diriger le voyageur à bon port. Comme le phare du haut de ses quelque 90 pieds, le vieillard, du haut de ses quelque 90 années, peut apporter un éclairage qui aide à orienter d’autres générations dans la vie. Comme le phare, il est positionné à un endroit stratégique particulièrement dangereux pour les divers navigateurs que sont ceux avec qui il est en communication. Il peut émettre une opinion détachée de tout intérêt personnel, sans esclandre, sans charge émotive plus forte qu’il ne faut. Cela me frappe particulièrement en temps de pandémie, car l’Ancien a appris que, de toute façon, la vie est brève et que notre passage sur cette terre n’est que pour un temps.

Le veillard sait que ta vie n’est pas uniquement pour toi ; que l’homme est un animal social. Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons à vivre avec d’autres, des proches, des parents, des amis, des voisins, ceux et celles que la vie a mis sur notre route. La preuve c’est que, toi qui conteste les consignes et ordonnances en temps de pandémie, tu te joins à d’autres pour clamer ton individualité, ton droit à ta liberté de penser, d’agir et de t’opposer.
Ce qui n’empêche pas le vieillard de s’interroger sur sa propre condition. Il peut se dire : Ce n’est pas parce que l’on est vieux que l’on ne doit plus faire d’effort.
Également : Ce n’est pas parce qu’on est vieux que l’on doit être malcommode, grincheux, rouspéteux ou encore se plaindre continuellement.
Ce n’est pas parce que l’on est vieux que l’on ne doit plus s’intéresser à la progression des plus jeunes.
Ce n’est pas parce ce que l’on est vieux que l’on ne peut pas faire quelque chose pour les autres, avoir de l’altruisme.
Ce n’est pas parce que l’on est vieux qu’il n’est pas possible de s’améliorer dans sa personne.
Ce n’est pas parce que l’on est vieux que de dire merci et d’apprécier ce que d’autres font pour notre bien-être est une habitude à développer.
Ce n’est pas parce que l’on est vieux qu’il n’est plus possible d’avoir des projets stimulants.
Ce n’est pas parce que l’on est vieux qu’il n’est pas de notre devoir de s’impliquer pour la communauté.
En résumé, je trouve que l’on ne demande pas assez aux vieux. À mon avis, c’est une forme d’âgisme. Le vieil homme ou la vieille dame ne doivent plus demeurer une minorité invisible.
Dans le contexte de confinement qu’elle nous impose, la covid a provoqué ce questionnement : Dois-je accepter de mourir ou dois-je tout faire pour survivre ? Si je veux survivre, c’est que je considère que ma vie a encore du sens. Si oui quel sens ai-je donné à ma vie ? Je crois qu’elle a du sens si quelqu’un en quelque part attend quelque chose de moi, ne serait-ce que de me savoir encore vivant. Il m’apparait pertinent de se poser certaines questions comme : Ai-je encore un travail qui n’est pas terminé ? Ya-t-il une personne en quelque part que je peux conforter, par exemple, celle qui me communique espérant avoir quelqu’un avec qui échanger ? Ai-je des petits enfants, dont le seul fait de pouvoir dire grand-papa ou grand-maman leur apporte du réconfort ? C’est ce qu’on appelle donner au suivant en faisant profiter ceux qui nous succèdent, de notre expérience de la vie. Oui être utile à quelqu’un ; pas à quelque chose.
Alors si je pars, ce ne sera pas moi qui aurai quitté la vie, ce sera la vie qui m’aura quitté en me donnant espoir que je retrouve mon monde dans un autre monde.
Louis Trudeau 11 janvier 2021
Merci. Vous êtes la preuve de votre propos d’aujourd’hui. Vous nous apportez beaucoup avec vos textes. merci. 🙂
J’aimeJ’aime
Louis
Plus que touchant ton texte !
C’est une leçon de vie que tu donnes là toute en douceur.
Un autre mandat que tu réussis avec brio cher ami c’est de ne cesser de
m’épater et de me surprendre de jour en jour par ta résilience et ta belle philosophie.
Nous avons tous besoin des uns des autres et ta réflexion mérite de percoler dans toutes les tranches d’âge.
Belle photo en passant et quand tu as besoin, c’est toujours un honneur d’être
Ton photographe officiel Louis
Bonne nuit
Ton ami Jean-Pierre
Envoyé de mon iPad
J’aimeJ’aime
Très bien écrit.
Merci cher cousin Louis!
Paul-Émile Trudeau 2052 ave Étienne-Brûlé, Montréal, H2B 1Y9, Qc, Canada Rés: 514-381-0887, Cell: 514-884-7530 petrudeau@hotmail.com
________________________________
J’aimeJ’aime
Bonjour Monsieur Trudeau,
Texte très touchant. Si vous aviez raison cependant, la terre tournerait plus rond!
Je vais vous paraitre négative mais je vois aussi beaucoup d’ingratitude face à l’âge et cela me fait bien mal. Je vois le réseau québécois de santé, par exemple, qui a laissé tomber pratiquement une génération et cela me fait bien mal. Je vois les ressources des rentes gouvernementales qui ne sont pas à la hauteur de l’épargne engendrée par le travail d’une vie. Certaines vieilles personnes vivent avec presque rien; je l’ai vu chez mon père, et heureusement pour lui, il avait 5 enfants!
Tellement d’accord avec vos propos que l’expérience a tant à apporter, que le partage sincère pourrait faire changer et avancer des choses, et simplement nous faire du bien. Que la jeunesse est nécessaire à la vieillesse, ça marche dans les deux sens. Le mélange et l’ouverture des générations entre elles est essentielle et rapporteraient à tous. Je rêve d’un endroit où des vieux habiteraient des secteurs avec des jeunes couples, des enfants, des animaux. J’en suis sûre, c’est possible, on pourrait imaginer de tels aménagements au lieu d’encore parler de »La maison des ainés »… Poètes, paysagistes, travailleurs communautaires et architectes et constructeurs pourraient très bien s’entremêler pour imaginer l’espace et créer du nouveau pour sortir des sentiers battus.
Et pour faire changer les mentalités et les pratiques, je pense que seule l’éducation peut apporter les enseignements aux jeunes qui grandissent: matières de base, mais aussi une grande place à l’apprentissage des relations interpersonnelles, la sexualité, la science, sociologie, politique, etc. Ne sommes-nous pas enfermés dans des façons de faire un peu archaïques? On aurait avantage à faire bouger tout ça. Tellement de compétences au Québec pour contribuer à changer les mentalités en éducation au Québec. On l’a bien fait dans les années ’60! Pourquoi pas maintenant? Commencer par l’apprentissage des plus jeunes est un gage pour l’avenir. On me dira que cela coûterait trop cher mais comme on le sait, l’ignorance coûte tellement plus cher.
Oups! me suis laissée aller un peu!
Merci à vous!
Colombe-Hélène Jacques
J’aimeJ’aime